"Le Monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page." Saint Augustin.

lundi 10 septembre 2012

Kukulkan, Chaac, Pakal et les autres.

Malokin à vous.

 Au cas où vous ne le sauriez pas, Malokin veut dire Bonjour en Maya.
Je trouve que c'est assez la classe de savoir dire bonjour dans cette langue alors je vous en fais profiter.

 Yoonbotik à moi donc.

 Pour ceux qui n'ont pas écouté pendant les 5mn du programme scolaire français consacrées aux Mayas au lycée, laissez moi vous faire un topo rapide.

 Quand on pense civilisations précolombiennes établies au Mexique (et on y pense souvent...), on pense tout de suite Aztèques. C'est bien.
Mais ça ne suffit pas.
Parce qu'on ne se doute pas à quel point cette partie du monde a abrité de civilisations grandioses qui se sont succédées avant l'arrivée des Espagnols. Ça commence il y a 1200 avant J.C par les Olmèques, puis les Mayas, les Teotihuacan, les Zapotèques, les Huastèques, les Mixtèques, les Toltèques et les Aztèques. Ca fait beaucoup de èques me direz-vous et vous n'aurez pas tort.

Alors que les Aztèques peuplaient l'actuelle région de Mexico City, les Mayas avaient eux établi leur domination bien plus au sud, sur la péninsule du Yucatan, ainsi que les régions alentours qui correspondent aujourd'hui au nord du Belize, du Guatemala et du Honduras.

Les Mayas se considéraient comme les fils du Maïs (Maya veut d'ailleurs dire Maïs)



 et sont surtout connus pour leurs talents d'astronomes, de mathématiciens et de bâtisseurs, ce qui leur permirent d'élaborer des calendriers ultra-précis ou de construire des pyramides qui les disputèrent aux Égyptiens, le tout sans connaitre les métaux ou la roue (les nazes).


La civilisation Maya a prospéré principalement de 500 à 1000 après JC.
On a en effet constaté un mystérieux déclin à partir du Xè siècle, déclin qui s'est traduit par un arrêt des constructions, un abandon des grandes cités, la fin de la datation des stèles et la civilisation a cessé de dominer la région. Et comme les Conquistador Espagnols dans leur grande lucidité ont brûlé les livres et les gens, on a bien du mal aujourd'hui à comprendre ce qui s'est passé.

La jungle a alors rapidement repris ses droits sur les bâtiments et c'est très rapidement que les ruines disparurent sous d'épaisses couches vertes, rendant leurs (re)découvertes très tardives (Palenque que nous verrons plus bas a été découverte en 1956) et on estime qu'il reste environ 20000 sites archéologiques à découvrir au Mexique et seuls 240 ont à l'heure actuelle été "exjunglés".
Pour faire simple, le pays étant plat dans le Yucatan, dès que vous voyez une colline, il y a une pyramide dessous.



Le peuple Maya n’a pas pour autant disparu de la surface, c’est seulement que les centres de pouvoir ont disparu et que les habitants ont continué à vivre de manière isolée. La Yucatan compte en effet toujours environ 6 millions de descendants directs des Mayas.
Pourquoi une telle fin si rapide ? C’est là que réside le vrai mystère. Famines, guerres, catastrophes écologiques ? Plusieurs hypothèses sont avancées sans vraiment trouver celle qui convient, si bien que certains ont même émis l’idée que le calendrier Maya indiquant la fin du monde, les hommes auraient fuis les cités de peur. Hypothèse absurde (ils seraient revenus aussi tôt qu’ils auraient réalisé que rien ne s’était passé) mais qui me permet de préciser une chose importante, au risque d’en décevoir certains : non, la fin du monde n’est pas programmée au 21 décembre 2012.
Cette date calculée par les Mayas, il est vrai, indique juste la fin d’un cycle majeur (nous sommes actuellement dans le 5e cycle du calendrier maya commencé en -3114), qui sera suivi par un nouveau cycle, au même titre que le printemps est suivi de l’été sans que s’ensuive la destruction totale de la planète à chaque fin juin.

Bref, cela étant dit, rendons nous à présent sur le plus emblématique des sites maya de la région : le site de Chichen Itza dont le plus célèbre monument inscrit au nombre des 7 nouvelles merveilles de l’ère moderne est la Pyramide de Kukulkan.




Alors Kukulkan, c’est le Quetzacoalt des Aztèques, aussi connu sous son petit nom de Serpent à Plumes, popularisé (ou pas) chez nous par Coluche dans le film éponyme.
Je vous invite à lire sur cet autre blog mon petit article sur Kukulkan pour ceux qui seraient intéressés de faire le lien entre Kukulkan, Viracocha, une ancienne prophétie aztèque, le Kontiki des Incas, l’Ile de Pâques, les Vikings et l’Atlantide (rien que ça, on ne recule devant rien ici).

La Pyramide de Kukulkan a été érigée au XIIè siècle justement à la fin des années fastes Maya par la tribu des Itza en hommage au Dieu Serpent à Plumes.
Ce qui en fait une des Merveilles du monde moderne, ce n’est pas tant sa hauteur (elle ne fait que 30m, Uxmal que nous verrons plus loin en fait 40 et Tikal 50) mais plus le fait qu’elle dispose de 91 marches sur chacun de ses 4 versants, soit 364+le palier final qui en fait donc 365 (nombre de jours compris dans une année solaire) ou encore le fait que frapper des mains devant elle produit un écho qui rappelle les battements d'ailes d'un oiseau (le Quetzal - impressionnant à entendre).
Bon, c'est un peu léger me direz-vous pour une Merveille et vous aurez raison. Non, le plus impressionnant se produit le 21 septembre, jour de l’equinoxe du printemps : la position du soleil est telle que les arêtes de la pyramides projettent des ombres et des lumières mimant la descente d’un serpent sur la Pyramide. Voici une photo tirée du net (à 3 semaines près, j’y etais) illustrant cela :



Joli, non ?

On poursuit la visite du site avec le temple des guerriers où se trouve au sommet une representation du Dieu Chac-mul dans une position typique, permettant de déposer sur son ventre les offrances sacrificielles aux Dieux (comprendre les cœurs arrachés aux victimes encore vivantes).



Une petite collection...





On s’arrête au stade pour assister au jeu de pelote.
Ce sport s’apparente en réalité plus à une cérémonie rituelle qu’à une activité sportive. Deux équipes s’affrontaient, la Lumière contre l'Inframonde, la balle représentant la course du Soleil et le but étant de faire passer cette balle de caoutchouc à travers les anneaux situés sur les murs latéraux, en utilisant seulement les coudes et les genoux.


Vu la hauteur et la taille des anneaux, ça a pas franchement l'air évident, avouons le.
Le vainqueur était alors décapité en sacrifice aux Dieux, honneur suprême s’il en est.
Je proposerais bien à Didier Deschamps de faire l’inverse et ça motiverait sûrement un peu plus ses joueurs...


Ici un bas relief représentant le point susmentionné : à droite le sacrifié avec une gerbe de sang sortant délicatement de son cou. A gauche, le prêtre avec à la main la tête du précédent en porte-clefs.

Un autre site important de Chichen Itza est celui qui finalement lui donne son nom : Chi, la bouche et Chen, le puit, vous aurez donc naturellement compris qu’il s’agit d'un puit, le Cenote sacré qui servait notamment à sacrifier des victimes volontaires ou non en les précipitant dedans les bras chargés d'offrande.
C’est fou cette manie chez les Mayas de sacrifier les gens.
Je suis d’ailleurs aller récupérer au péril de ma vie mes lunettes de soleil qui s’y étaient aventurées d’un peu trop près. Heureusement pour moi, le sacrifice de touristes avait été aboli depuis...



Chichen Itza, c'est fait.

On continue notre route jusqu'à Uxmal.
Uxmal fut une autre cité importante de la péninsule et dont la pyramide a l'unique particularité de ne pas être à base carrée mais circulaire.
Ce qui lui donne un style rondouillard bien particulier.





Cette cité est plus particulièrement dédiée au Dieu de la pluie Chaac dont les représentations se retrouvent quasiment partout sur les temples. La raison est simple : dans cette région où les pluies se font rares, on invoque ce qui manque. A Palenque, par exemple, région beaucoup plus humide et tropicale, Chaac est alors absent des représentations.







Palenque que nous atteignons à présent et qui présente quant à elle la particularité d'avoir l'une des très rares pyramides abritant la tombe d'un roi. Car c'est l'une des différences fondamentale avec les Egyptiens, les pyramides mayas n’étaient pas des tombeaux (ce tombeau sera votre tombeau !) mais des temples.
Néanmoins, cela n'a pas empêché le roi Pakal de s'y faire enterrer, avec un joli masque de Jade.


La découverte de ce tombeau dans les années 50 je le disais, par un archéologue français (cocorico), naturalisé mexicain (ariba ariba) se trouve être l'une des plus importantes découvertes archéologiques du continent américain.






La tombe royale se trouve en fait sous la pyramide et comme vous le voyez les archéologues travaillent toujours dessus.




Le site de Palenque est vraiment magnifique avec de multiples bâtiments et pyramides qui envoient et qui m'ont permis de tester un effet sympa avec le nouvel appareil photo que j'ai acheté en catastrophe à l'aéroport juste après avoir cassé le mien à 30mn d'embarquer...





Ne nous arrêtons pas en si bon chemin et poursuivons notre route vers Calakmul.

Je passe rapidement sur le petit site de Xpuhil, dont le style n'est pas sans rappeler celui de Tikal au Guatemala, situé seulement à 60km de là (imaginez ma frustration absolue).



Le site de Kohunlich présente lui l'intérêt de grands masques en stuc :


et de la représentation de John Travolta dans Grease à son sommet.


Enfin, ayant à présentdéjà basculé sur la côte est de la péninsule, nous finissons par l'un des plus beaux sites de par son environnement en bord de mer des Caraïbes, j'ai nommé Tulum (murailles en maya) poste d'avant garde donnant sur l'océan et dont les photos se passent de commentaires.






La civilisation Maya, déjà ombre d'elle même à cette époque, achèvera de disparaître avec l'arrivée des Conquistadors espagnols menés par Hernan Cortès en 1519.

C'est une autre civilisation, l'empire Aztèque comptant des millions de sujets qui disparaîtra alors à son tour, vaincu par une petite troupe de 300 cavaliers équipés de mousquets, Cortès incarnant aux yeux des indigènes apeurés le retour annoncé du Dieu... Quetzacoalt.


1 commentaire:

Loïc a dit…

J'ai bien rigolé, merci. Pas mal ce nouvel effet photo, j'aime bien. Pour ce qui est du manque de pluie, c'est quand même très vert. J'en déduis que tu mens purement et simplement.